Retour sur le débat Climat avec Pascal Canfin, Emmanuelle Cosse, Alix Mazounie et Emmanuel Poilane

Mardi 29 septembre, les écologistes du 20e étaient fiers d’accueillir à la Bellevilloise des invités de marque pour commencer leur cycle de débats sur le climat et la COP21 : Pascal Canfin, Emmanuelle Cosse, Alix Mazounie et Emmanuel Poilane. Antoinette Guhl et Jérôme Gleizes, deux élus du 20e au Conseil de Paris ont accueilli nos invités. Puis Anne R. et Antoine Torrens, les deux cosecrétaires du groupe local EELV Paris 20e ont animé le débat.

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La COP21 est la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement sous l’égide de l’ONU qui se déroulera cette année à Paris, présidée par la France, au Bourget entre le 30 novembre et le 11 décembre. Ces chefs d’État viendront à Paris pour négocier leur contribution à la baisse des émissions de gaz à effet de serre et leur contribution financière dans le Fonds vert pour aider les pays du Sud dans leur adaptation et atténuation des effets du changement climatique. Il s’agit en effet de la 21e réunion de ce type depuis le Sommet de Stockholm en 1972 et de la 11e réunion depuis l’accord de Kyoto qui avait fixé des objectifs de réduction des gaz à effet de serre pour une partie des États de la planète, et dont le processus se termine. Cette année à Paris, l’ambition est de conclure un accord universel qui fera suite au Protocole de Kyoto signé en 1997 et qui impliquera tous les Etats de la planète.

 

Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), créé par les Nations Unies en 1988, a pour mission « d’évaluer, sans parti-pris et de façon méthodique, claire et objective, les informations d’ordre scientifique, technique et socio-économique qui nous sont nécessaires pour mieux comprendre les risques liés au réchauffement climatique d’origine humaine, cerner plus précisément les conséquences possibles de ce changement et envisager d’éventuelles stratégies d’adaptation et d’atténuation. » Ce groupe d’experts internationaux recommande fortement de rester sous la barre d’un réchauffement global de 2°C de moyenne sur la planète pour éviter des bouleversements irréversibles du climat, de l’équilibre des écosystèmes et finalement de la possibilité des sociétés de vivre sereinement dans leur environnement.

Pascal_CanfinPascal Canfin nous a fait l’amitié de venir dans le 20e. Il a occupé la fonction de ministre délégué au Développement auprès du ministre des Affaires étrangères jusqu’en mars 2014. Il est aujourd’hui conseiller principal sur les questions internationales portant sur le Climat du World Resources Institute, un think tank américain à portée internationale qui se consacre aux questions environnementales. Il a été nommé en février 2015 par le président de la République co-président d’une Commission sur les financements innovants pour le climat. Il a également écrit avec Peter Staime le livre paru cette année aux éditions des Petits matins : « Climat: 30 questions pour comprendre la conférence de Paris ».

 

Mardi soir, Pascal Canfin a décrypté pour nous les enjeux cachés derrière les négociations de la COP21 : dans les contributions publiées à ce jour par les différents États l’objectif du maintien du réchauffement à 2° C n’est pas encore atteint. L’enjeu de la négociation au Bourget est donc d’augmenter la contribution des différents États. La France n’est ni exemplaire ni catastrophique dans tous les domaines : même si elle a annoncé une contribution de 2 milliards d’euros au Fonds vert lors du Sommet du développement durable de l’ONU fin septembre, elle n’est pas à la pointe dans beaucoup d’autres domaines. Lors de la conférence de Copenhague, il a été décidé de créer le Fonds vert pour financer les pays du Sud dans leurs besoins d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques. Pascal Canfin a rappelé que certaines mesures inévitables comme créer une digue pour lutter contre la montée des eaux à un endroit donné n’est en aucun cas rentable, ne répond à aucun modèle économique : il s’agit donc d’un investissement qui doit être porté par un fonds international de solidarité. Il faut des dons pour cela, des dons provenant des pays industrialisés notamment car ils sont historiquement responsables de l’accumulation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. L’objectif symbolique et politique consiste à abonder le Fonds vert de 100 milliards de dollars par an. Pascal Canfin a insisté sur une revendication de longue date, la taxe sur les transactions financières, qui permettrait précisément de dégager des financements pour le Fonds Vert. Nous saurons le 10 novembre prochain si les ministres des finances de l’UE s’accordent sur la mise en place de cette taxe mais ce type de décision dépend largement de la mobilisation citoyenne !

 

Alix Mazounie et Emmanuel Poilane ont témoigné de la vitalité des mobilisations de la société civile. Nous avons vu le succès du grand week end Alternatiba qui s’est déroulé place de la République le week end du 26 et 27 septembre 2015. Et le débat du mardi 29 septembre s’est déroulé deux mois jour pour jour avant la grande marche pour le Climat prévue le dimanche 29 novembre 2015 dans les capitales et villes du monde entier, à le veille de la réunion de la COP21. L’année dernière, la marche pour le climat avait réuni 300 000 personnes à New York. Il faut que nous soyons capables à Paris de réunir autant de personnes et de montrer que les citoyens sont attentifs à ce que décident nos gouvernements.

 

alix_mazounieAlix Mazounie est membre et conseillère de la plateforme d’ONG Réseau Action Climat depuis 2010. Le RAC est un réseau français d’associations spécialisées sur le thème des changements climatiques. Alix Mazounie nous a expliqué que tout ne se passe pas au moment de la COP, il faut que la mobilisation des citoyens se perpétue après la COP21 et que les citoyens réclament des politiques publiques compatibles avec une trajectoire de 2°C. Elle considère que le politique a un rôle à jouer dans le désinvestissement des banques du charbon et que les citoyens doivent faire pression sur leurs élus.

Emmanuel Poilane_02Emmanuel Poilane pour sa part est depuis 2009 Directeur général de France Libertés – Fondation Danielle Mitterrand. La fondation a réorienté son combat pour les droits de l’homme sur la question de la préservation et de la libre utilisation par tous des biens communs de l’humanité, notamment de l’eau. Emmanuel Poilane continue son combat par un engagement politique et est candidat sur la liste EELV aux élections régionales Île-de-France. Emmanuel Poilane nous a parlé de son combat particulier sur l’eau, bien commun de l’humanité. On sait que l’activité humaine bouleverse le cycle du carbone, c’est pourquoi une grande quantité de carbone se trouve désormais dans l’atmosphère sous forme de gaz à effet de serre car ils ont été sortis de terre par l’utilisation industrielle et quotidienne du charbon, du pétrole et du gaz naturel. Mais l’activité humaine bouleverse de nombreux cycles naturels dont l’eau. Or, Emmanuel Poilane nous a expliqué le lien entre le bouleversement du cycle de l’eau et le réchauffement climatique. Des actions sont à la portée des élus locaux et régionaux. Par exemple, favoriser le retour de la nature en ville permet de limiter les phénomènes d’imperméabilisation des sols et donc de rétention de l’eau avant son retour dans les sous-sols.

 

emma-cosseEnfin, Emmanuelle Cosse, tête de liste pour les régionales en Ile-de-France nous a indiqué que peuvent faire les collectivités locales et notamment la région Ile-de-France dans la lutte contre le changement climatique. Emma Cosse est candidate aux élections régionales Ile de France, tête de la liste Europe Ecologie les Verts dans le Rassemblement écologiste et citoyen. Elle est élue sortante, ancienne vice-présidente du Conseil régional d’Ile de France en charge du logement, de l’habitat, du renouvellement urbain et de l’action foncière et entend poursuivre son combat politique au sein du conseil régional. Elle nous a présenté quelques points de son programme pour les élections régionales : logement, transport, économie… décarbonés. Limiter le réchauffement climatique demande une autre politique de transport, de logement… et conduit à un autre développement économique. Elle constate que “si les choses bougent en Chine, c’est que l’airpocalypse mécontente l’électorat !”.

Les intervenants ont donné beaucoup d’exemples et ont montré que l’action politique donnait des résultats. C’était agréable pour les militants qui se battent sur ces sujets depuis des années.

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