Retour sur le débat « Mobilités et transports en Île-de-France : Quel modèle face au dérèglement climatique? »

Mardi 27 octobre au soir, au Lieu-Dit, on parlait transports, mobilités et crise climatique. Pour en parler, nous accueillions trois invités :

Mélina Durand, urbaniste et géographe, chargée d’étude à l’association Ville et transports en Île-de-France

Pierre Serne, vice-président de la région Île-de-France chargé des transports et des mobilités

Renaud Martin, adjoint à la maire du 20e chargé des transports, de la voierie, des déplacements et de l’espace public.

Une pollution réduite et à réduire

Les transports représentent une part considérable des émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique (34 % en France selon l’OCDE). Ils constituent donc un enjeu écologique de tout premier plan sur lequel beaucoup a été fait et sur lequel beaucoup reste à faire. Un enjeu délicat dans la mesure où il concerne la totalité des citoyens.

Mélina Durand a souligné que les pratiques évoluaient, accompagnées par l’action politique : depuis quinze ans, le trafic automobile dans Paris a été réduit de 25 % tandis que la pratique du vélo doublait : pour certains polluants, cela correspond à une baisse de plus de 30 % des émissions.

RenaudMartinPOVCe sont des évolutions que les collectivités ont impulsées et souhaitent poursuivre mais on s’aperçoit de plus en plus que le travail sur les infrastructures doit se doubler d’une réflexion sur les mobilités, sur les moyens de transports et sur la manière dont chaque citoyen conçoit ses trajets. Renaud Martin a rappelé que les transports étaient une question publique : le 20e arrondissement a récemment conclu un partenariat avec des offices HLM pour utiliser les parkings vides et éviter de saturer l’espace public.

Transports contre mobilités ?

Pierre Serne confirme que pour les cinq ou six prochaines années, la plupart des projets de transports lourds, notamment les nouveaux métros et les nouveaux tramways, sont déjà programmés. Une grande partie de l’action de la région se concentrera donc sur les mobilités douces (vélo, marche, etc.) ainsi que sur les bus, mode de transport longtemps négligé par les pouvoirs publics mais qui est un levier majeur pour faciliter la vie des Franciliens en grande couronne.

MelinaDurandLa réflexion sur ce que Mélina Durand appelle l’agilité morale (la capacité de chacun à varier les modes de transport en fonction de ses besoins) est encore embryonnaire. À partir de l’exemple du Bureau des Temps de Nantes, on peut désormais imaginer des moyens de développer des transports plus équilibrés : inciter les entreprises et les administrations à mieux étaler les horaires de travail de leurs employés, favoriser le télétravail, encourager le co-voiturage…

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Les grands équipements de transport, nécessaires mais pas éternels

PierreSerne2015Pierre Serne a rappelé que la mise en place de telles infrastructures était nécessairement très longue : la capacité de production du matériel roulant par les entreprises françaises ne permet pas de renouveler ce matériel de manière brutale et les promesses de certains candidats de droite aux élections régionales ne pourraient être remplies qu’en achetant des trains à l’étranger : une solution qui ne serait ni économique ni écologique.

En effet, si la région tâche toujours de répondre aux besoins en transports de ses habitants, elle ne saurait se limiter à une croissance permanente et à une course aux transports toujours plus nombreux, toujours plus gros et toujours plus coûteux en termes d’empreinte écologique. Des alternatives doivent être trouvées et les pistes commencent à émerger.

Le débat avait également lieu avec la salle : des questions très importantes ont été posées sur la gestion des hyperpointes dans les transports en commun, sur la perception du changement modal par les citoyens ou encore sur la place du vélo sur la Petite Ceinture.