Le mardi 23 mai 2017, un vœu pour la transparence des opérations concernant le site de l’ancien rectorat, 94 avenue Gambetta a été adopté par le conseil d’arrondissement du 20ème. Il avait été déposé à l’initiative du groupe « Place au peuple », avec le soutien du groupe écologiste, mettant en minorité l’exécutif.
Rappelons que CVI (filiale de Cargill) avait acquis l’immeuble de 20 000m², avant de louer à Carrefour un espace de 1950 m² au rez-de-chaussée. Les autres étages devaient initialement accueillir des bureaux.
Ce bail, signé par la mairie en décembre 2015, n’a été divulgué qu’en juin 2016, grâce à un vœu du groupe écologiste.
Il est évident que l’installation d’un tel centre commercial aurait des répercussions néfastes sur l’ensemble des commerces du quartier, a contrario de la politique de revitalisation des quartiers affichée par la mairie de Paris.
Choqués tant par le projet que par l’absence de concertation, les habitants et un certain nombre d’associations ont alors rapidement déclaré leur opposition et créé l’association « Carton Rouge ». Celle-ci a ensuite établi une pétition qui a recueilli la signature de 3 500 riverains, organisé de nombreux manifestations et recensé un certain nombre de projets alternatifs.
Après de nombreux atermoiements, le collectif « Non au projet immobilier, financier et commercial du rectorat » a pu rencontrer les représentants de CVI-Gambetta et de Carrefour, le 4 mai 2017.
Les propriétaires privés n’ont donné aucun signe de renoncement au projet de Carrefour, évoquant uniquement l’ouverture potentielle des 3 autres locaux commerciaux du rez-de-chaussée à des activités sociales, culturelles et/ou solidaires. Pour autant, le niveau de loyer exigé restreint concrètement le champ des possibles à des activités rentables économiquement parlant.
Quelques jours après, le 12 mai, l’annonce de la revente surprise 1 de la parcelle au promoteur ICADE (émanation de la Caisse des Dépôts et consignations) a eu un goût amer. En effet, la plus-value est considérable pour CVI, même en tenant compte du coût des travaux déjà engagés 2 : le prix de revente est de 137 millions d’euros, pour 51 millions à l’achat.
Ainsi le vœu adopté demande à ce que toute la transparence soit faite sur cette opération et que la mairie de Paris s’assure que l’intérêt public a été respecté.
Il exige également que ce rachat soit l’occasion de remettre le projet à plat, afin de mettre en place des projets et des activités utiles aux habitant-e-s sans menacer la cohésion du quartier. De fait, l’acquisition des locaux par un investisseur à capitaux majoritairement public, plaçant la RSE au centre de sa stratégie, peut représenter une opportunité, même si ICADE ne remet pas en cause l’espace pré-loué dédié au commerce
Pour faire suite à cette démarche, un vœu exigeant une concertation entre ICADE, l’Hôtel de Ville, les élu-es du 20e, les habitant-es et les commerçant-es des quartiers Gambetta, Pelleport et Saint-Fargeau sera déposé au conseil de Paris des 6,7 et 8 juin 2017.
Il est indispensable que soient prises en compte les réflexions déjà existantes afin de proposer une offre ne reposant pas sur l’arrivée d’un nouveau commerce franchisé, mais favorisant l’implantation de commerces de proximité et indépendants, portant des modes de consommation respectueux des circuits courts, et privilégiant une alimentation biologique et de qualité, ou encore de nouveaux équipements utiles aux habitants.
Avant cette nouvelle étape, le collectif appelle à manifester le 3 juin à 11h entre le rectorat et la mairie du 20ème. Il est en effet important de faire pression sur les pouvoirs publics et les acteurs privés, afin que ces derniers prennent enfin en compte les revendications de la population.
Soyons donc nombreux le 3 juin.
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Notes
1 : Acquisition en VEFA d’un immeuble de bureaux et commerces, à Paris 20ème
2 :La vente est une VEFA (Vente en Etat Futur d’Achèvement), ce qui signifie qu’ICADE ne jouira du bien qu’à la fin des travaux en cours, prévue fin 2019.